RESCAPE 2015-2018

Résistance des paysages agricoles aux transferts de pesticides dans les sols et les organismes vivants

L’intensification des pratiques agricoles est de plus en plus remise en cause, que ce soit pour des raisons socio-économiques, sanitaires ou environnementales. Lancé en 2008 à la suite du Grenelle Environnement, le plan Ecophyto a mis en évidence une réelle nécessité de trouver des leviers d’action pour diminuer les recours, que ce soit en matière de protection des cultures ou de fertilisation, aux intrants chimiques.

L’organisation du paysage peut influencer la répartition des intrants chimiques et plus particulièrement celle des pesticides, l’exposition des organismes vivants, les processus écologiques liés aux services écosystémiques - c’est-à-dire aux bénéfices que les humains retirent des écosystèmes et donc les fonctionnalités des écosystèmes. Démêler l’influence respective des modifications du paysage et des apports de pesticides sur ces différents paramètres constitue un défi scientifique dont sont susceptibles d’émerger des recommandations pour des pratiques agricoles durables.

Le projet RESCAPE - Résistance des paysages agricoles aux transferts de pesticides dans les sols et les organismes vivants, coordonné par Céline Pelosi, UMR Écologie fonctionnelle et écotoxicologie des agroécosystèmes (Inra, AgroParisTech), contribue aux efforts de recherche sur les effets des pratiques agricoles et de l’occupation des sols sur les effets non intentionnels des pesticides à l'échelle du paysage.

L’objectif de ce projet est d'évaluer l'impact des caractéristiques du paysage (composition et structure) et des pratiques culturales (en particulier des apports de pesticides) sur la résistance des paysages agricoles aux transferts de pesticides dans les sols, dans les réseaux trophiques et sur la perte de biodiversité fonctionnelle.

 

RESCAPE, en pratique

En pratique, RESCAPE prévoit l’étude de 60 fenêtres paysagères (1 km de côté) dans une plaine céréalière au sud de Niort, la Zone atelier Plaine & Val de Sèvre afin de pouvoir discriminer les effets respectifs des caractéristiques du paysage et des traitements pesticides sur les variables étudiées. In fine, l’objectif est d’identifier des paysages « à risque » ou « résistants » aux transferts et aux effets non-intentionnels des pesticides. Le but ? Proposer des outils de gestion du paysage qui permettent d’améliorer la résistance des agrosystèmes aux effets des pesticides et des bioagresseurs, tout en réduisant le recours aux pesticides.

 RESCAPE repose une large gamme de données cartographiques, d’utilisation des terres, de pratiques culturales et de biodiversité sur plusieurs groupes d’organismes, que complètent des enquêtes auprès des agriculteurs et des prélèvements de sol (caractérisation physico-chimique et dosage de pesticides) et d’animaux (vers de terre, carabes et micromammifères, pour dosages de pesticides) dans différents éléments constitutifs du paysage (éléments semi-naturels divers, parcelles cultivées). L’étude de la distribution spatiale des pesticides dans les sols s’appuie, quant à elle, sur le développement de modèles de transfert latéraux impliquant la dispersion atmosphérique.

 

RESCAPE, collection printemps-été 2016

Aujourd’hui, RESCAPE entre dans une phase opérationnelle.

Du 29 mars au 8 avril 2016, les scientifiques ont investi leur zone d’étude pour réaliser prélèvements et mesures. A l’automne prochain, des enquêtes seront réalisées auprès des agriculteurs. En parallèle, le consortium poursuit son travail de modélisation des dépôts atmosphériques des pesticides dans les éléments constitutifs du paysage et sur les modèles prospectifs d’impacts de l’organisation paysagère et de l’utilisation des pesticides sur la biodiversité. Sans oublier la constitution de base de données, destinées à être rendues publiques, constituée pour rassembler les données disponibles (extraction de données existantes, études de cartes et choix des fenêtres paysagères) ou en cours d’acquisition.

 

Le projet RESCAPE, en chiffres

Le projet RESCAPE réunit six partenaires d’instituts de recherche et d’universités françaises dont les compétences diverses permettront de mener à bien ses objectifs scientifiques et techniques.

Démarré en octobre 2015, Rescape s’achèvera en 2018 au terme de 36 mois de recherche. Il bénéficie d’un financement du Ministère en charge de l’Ecologie.